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dimanche 20 novembre 2011

L'Ordre et la Morale

Aujourd'hui place à un film spécial à plusieurs abords. L'Ordre et la Morale a suscité et suscite pas mal de débats. Il dépeint en effet des évènements qui datent quasiment d'hier (1988, trois ans avant la naissance de votre serviteur) et qui se sont déroulés sur une petite île, faisant partie d'un ensemble plus grand appelé Nouvelle-Calédonie. Cette île que les spots touristiques qualifient "d'île la plus proche du paradis" s'est transformée en enfer en ce début mai.


La Nouvelle-Calédonie est depuis le 24 septembre 1853 (C'est d'ailleurs un jour férié là-bas) un territoire Français. Ce n'est certes pas un département ou un territoire d'Outre-Mer, elle a un status à part, mais la langue principale y est le Français et l'on y vote pour élire le président français.
Sauf que les Kanaks, les premiers habitants de la Nouvelle-Calédonie n'ont jamais réellement décidé de devenir français (On est loin du référendum qui s'est fait à Mayotte). En a découlé plusieurs révoltes en 1878 (Mené par le chef Ataï), en 1917 (Mené par le chef Noël). Les kanaks cherchaient simplement à obtenir leur indépendance.

A partir de 1984 se déroule ce qu'on appelle pudiquement "Les évènements", qui ont opposé les indépendantistes aux non indépendantistes. C'est dans ce climat très dur que s'inscrit le film de Kassovitz. Lors d'une prise d'otages qui marquera à tout jamais l'histoire récente de la Nouvelle-Calédonie.

Le film est magnifique de part son histoire. Kassovitz créée une mise en scène qui se veut tout aussi bien originale (Certains plans quand les hélicoptères décollent ou atterrissent) qu'efficace (L'assaut final mêle caméra à l'épaule et bande son magistrale: Les bruits des armes ne sont pas "édulcorés" comme dans les films de guerre, ça claque de façon presque désagréable, on a du mal à saisir les dialogues dans tout ce vacarme, bref c'est une retranscription quasiment sans faute du "bordel" qui caractérise un "vrai" combat). Le film regorge de répliques magnifiques et si justes ("La vérité blesse, le mensonge tue" ou encore le discours d'Alphonse Dianou sur le capitalisme).

Mais alors pourquoi ça fait polémique si c'est si bien que ça ? Attendez ça arrive ! En premier lieu, ce film raconte une histoire relativement récente, la Calédonie n'est pas encore indépendante et le processus "d'autodétermination" est en cours. Les calédoniens (je devrais dire "nous") devront/s se/nous décider à partir de 2014. Secundo, ce film est beaucoup trop engagé pour refléter une réalité historique. Il met profondément en cause l'armée et lui oppose les "gentils kanaks" et les "gentils gendarmes". Le héros, le commandant du GIGN Philippe Legorjus, ne mérite pas le status de "super héros" qu'on pourrait lui trouver. Les kanaks n'étaient pas si gentils que ça, pas du tout prêt à se rendre et le véritable négociateur n'était pas le commandant du GIGN … (Lire interview d'un membre du GIGN ayant participé à l'opération ici et une lettre ouverte de Jean Bianconi, procureur de la République au moment des faits, ici)

Que dire de ce film alors ? S'il ne reflète pas toute la vérité historique, il a au moins le mérite de mettre en exergue le fait que les hommes politiques pensent la plupart du temps, plus à leur carrière personnelle qu'à leurs concitoyens. C'est également un film qui aura le mérite de faire découvrir ces évènements au plus grand nombre, pour leur montrer que la Nouvelle-Calédonie n'a pas toujours été un paradis. Enfin il brille par sa mise en scène, ses acteurs et l'histoire qu'il véhicule.


Titre (Titre Original): L'Ordre et la Morale (L'Ordre et la Morale)
Réalisateur: Mathieu Kassovitz
Année de Parution: 2011
Genre: Film "Historique"
Acteurs Principaux: Mathieu Kassoviz, Iabe Lapacas et Alexandre Steiger
Musique: N/A
Synopsis en un phrase ®: L'histoire de la prise d'otage de la grotte de Gossana 


Note de la Rédaction: 09/10

5 commentaires:

  1. L'ile la plus proche du paradis c'est l'ile des pins et pas Ouvéa...^^ A part ça j'ai hâte de pouvoir voir ce film dont la projection ne se fera pas au cinéma (monopole Hickson oblige...) mais dans les maisons de quartier.

    RatNule de chez Cartoon rouge

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  2. "Surnommée l’île la plus proche du paradis, Ouvéa est célèbre pour son immense plage de sable de 25km qui donne sur un lagon fermé par des petits îlots au nord et au sud : les Pléiades […]." Source: http://www.bouger-en-nouvelle-caledonie.com/ouvea

    Non mais !

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  3. L'île la plus proche du paradis a connu l'enfer du devoirs! ce film est sans aucun doute...une bonne leçon de morale! aux générations futures!

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  4. Tape "l'ile la plus proche du paradis" dans google et regarde les résultats...

    J'ai enfin vu ce film au centre culturel. Et je dois dire que j'ai été déçu... Les défauts de ce film et notemment son absence de véracité historique me consterne. J'invite les spéctateurs peu instruits sur cette partie de l'histoire et sur la calédonie à diversifier leur sources sur le sujet. Ce film est extremement engagé dans un point de vue qui malheureusement donne une image faussée de la calédonie et de la réalité historique. L'absence de toute explication sur le contexte politico historique qui a précédé l'attaque me laisse perplexe quand aux motivations de M Kassovitz. Quel est le but de ce film puisque ce n'est pas d'expliquer les raisons de ces "évenements"? Je pense que ce film est une poignée d'huile jettée sur un lit de braise encore rouge et qu'il attise des tensions qui au fil du temps avaient fini par se relacher.
    De plus au delà des débats qu'il engendre,de mon point de vue, la qualité artistique de ce film est loin d'être aussi présente que ne le laisse penser ta critique. Certains plans ou passages sont vraiment trop stéréotypé comme la patrouille sur couché de soleil ou Legorjus séparant un de ses gendarmes et un mélanésien. Cependant ce qui m'a le plus géné c'est la bande son qui est vraiment d'une qualité discutable pour un film professionel. Certaines conversations sont presques inaudibles, couverte par un bruit de fond d'hélicopter ou de jeep. De plus l'utilisation abusive des effets sonores est trés vite lassant. Les BOUM BOUM toute les 5 min prennent la tête et les roulement de tambours ressemblant à des salves de mitraillette alors que le GIGN patrouille sèment la confusion.
    Vraiment j'ai été déçu par ce film

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  5. Juste à propos des "dialogues inaudibles", je pense que c'est totalement voulu. Regarde le début du film "Le Pianiste", la première explosion t'explose littéralement les oreilles (et à volume "normal"), étrangement tu ne prends plus la guerre de la même façon après ça. C'est pour ça que cette scène d'assaut final supplante à mon avis tous ce que j'ai vu, surtout au niveau sonore.
    De plus, ce n'est pas parce qu'un film possède quelques plans "stéréotypés" que sa mise en scène est mauvaise, on ne peut pas sans cesse innover. Je souhaitais simplement souligner qu'on trouve des plans assez originaux et intéressants. Et si les "BOUM BOUM" te prennent la tête, sur une scène de quoi, 5-10 minutes ?

    S'il y a bien un point où je n'ai rien à redire, c'est sur le scénario, trop engagé et interprété.

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